La CNIL a donné son feu vert pour le lancement de l’application StopCovid, l’application de traçage 100 % française pour smartphones voulue par le gouvernement pour lutter contre l’épidémie de coronavirus.
La Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (la CNIL) a autorisé, ce mardi 26 mai, le lancement de l’application StopCovid. L’application, pour smartphones, 100 % française de traçage des interactions entre citoyens, fortement souhaitée par le pouvoir public afin de lutter contre le virus.
Dans son avis publié mardi, la CNIL estime que l’application respecte strictement les dispositions législatives relatives à la protection de la vie privée, et a formulé quelques dernières recommandations pour sa mise en place.
La nouvelle application StopCovid va permettre aux utilisateurs, de garder une trace des autres utilisateurs croisés pendant au moins 15 minutes, à moins d’1 mètre, sur les deux dernières semaines.
Si alors, cet utilisateur, découvre qu’il est porteur du coronavirus, il peut prévenir les personnes croisées, en notifiant l’application de sa contamination.
Cependant, StopCovid suscite les craintes de plusieurs défenseurs de la vie privée et des libertés, qui craignent qu’elle ne marque un premier pas vers une société de la surveillance où nos faits et gestes sont épiés en permanence par des systèmes automatiques.
Malgré une conception française, l’application reste dépendante aux plateformes américaines
Pour les développeurs Français, réussir à développer une telle application sans l’aide des géants du numérique c’est un sacré défi qui reviendrait à fabriquer un A380 en trois semaines sans jamais l’avoir fait auparavant, estime Frans Imbert-Vier, le PDG d’Ubcom, spécialisé dans la cybersécurité.
Pourtant, le gouvernement prétend avoir réussi. L’application StopCovid serait lancée le 2 juin, ainsi en se passant d’Apple et Google. L’application tricolore ne peux être utilisée sur les iPhones.
À rajouter que quoi qu’il arrive, l’application sera obligée d’utiliser des d’outils (API) fournis par Google et Apple dans d’autres phases essentielles, prouvant que la question de la souveraineté numérique n’est pas tout à fait contrôlée.
En effet, La France est en train de payer le fait d’avoir délaissé cette problématique pendant des années alors même que les firmes américaines montaient en puissance.
LES PAYS EUROPÉENS CÈDENT MAJORITAIREMENT AUX SOLUTIONS DE GOOGLE ET APPLE
Les autres pays européens, sont divisés entre deux systèmes, un premier qui centralise les données personnelles, et un deuxième qui les enregistre sur chaque smartphone.
L’Allemagne s’est plié à Google et Apple avec leurs solutions clés en main, tout comme pour la Suisse, l’Irlande, les Pays-Bas, la Lettonie et l’Italie, tandis que l’Espagne hésite toujours.
La France est donc un cas unique en Europe, avec son application StopCovid, même si malheureusement les API de Google et Apple sont les seuls outils qui permettent un accès complet au Bluetooth en arrière-plan, essentiel pour le fonctionnement d’une application de tracing.
En plus, il sera possible de voyager entre les pays européens qui ont adopté la solution d’Apple et de Google. Comme entre l’Allemagne et l’Italie, tout en bénéficiant des fonctionnalités de contact tracing grâce à l’interopérabilité du système de Google et Apple.
La Ligue des Droits de l’Homme et l’association Tinternet se disent inquiètes
Jean-Pierre Debuissy, délégué régional de la Ligue des Droits de l’Homme de Franche-Comté, à fait part de ses réserves sur cette application en indiquant que cet outil peut être dangereux pour nos libertés individuelles.
Dans un autre article publié le 28 mai sur leur site officiel, la Ligue des Droits de l’Homme signale le manque de sécurité du Bluetooth qui peut faciliter le piratage des données du téléphone. Elle signale l’éviction des personnes de plus de 70 ans qui ne sont pas à l’aise avec ce type de technologie.
L’association d’éducation numérique populaire Tinternet & Cie lance une alerte, sur le téléchargement de cette application. Il faut faire preuve de prudence et de recul, conseille Fabien Normand .
« On nous dit que ce n’est pas un outil de surveillance, son objectif est pourtant de surveiller avec qui on est en contact » signale le membre de l’association bisontine. Selon lui, il est important de « se rendre compte qu’il y a des dérives potentielles. »